L’Afrique à pied : la longue déambulation de Marie et Mathieu


Parcourir l’Afrique à pied durant 2 ou 3 ans, voilà un rêve carressé par certains, qui va se changer en réalité pour Marie et Mathieu, 25 et 26 ans (avec un petit coup de pouce de RayonRando.com). Ils se sont chauffés les mollets en traversant une partie de la France à pied et sont maintenant prêts pour l’aventure. Loin d’une recherche d’exploit ou de performance, nous découvrons leurs motivations et les coulisses de ce périple dans cette interview.

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Rayon Rando : « Marie et Mathieu, vous êtes deux « petits jeunes » mais vous avez déjà quelques kilomètres au compteur. Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel ? »

Mathieu : « Je suis informaticien, et j’ai commencé à travailler dans ce métier, pour économiser des sous, mais j’avais, dès ma sortie du Lycée, l’envie de partir et de vivre autre chose, autrement. A la base, je voulais être marin, mais ça n’a pas été possible. Il était clair que voyager était mon horizon.

Marie : « De mon côté, je n’avais pas ce projet aussi clairement en tête, mais Mathieu m’a peu à peu donné envie de larguer les amarres. J’ai une formation dans l’analyse de la biodiversité, et je voulais toutefois travailler un peu après mais études, pour avoir une première expérience professionnelle. Mais, pour moi non plus, avoir un boulot « conventionnel » ne me correspondait pas, vivre en ville non plus.

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RR : «  Vous avez déjà réalisé un assez long périple en France en 2011 ; c’était votre ballon d’essai ?

Marie & Mathieu : « Oui, nous sommes partis des sources de la Loire que nous avons ensuite descendue en canoé. Puis nous sommes partis sur le chemin de Saint Jacques, un peu trop fréquentés à notre goût, pour finalement obliquer et descendre jusqu’à Nice par différents sentiers en improvisant notre parcours au fur et à mesure.  C’était une façon de se tester sur un voyage au long cours, mais en terre « connue ». Une façon aussi d’acclimater nos familles à nos futures pérégrinations… On aurait aussi trouvé dommage de partir loin sans avoir vu la France.

 

RR : « Dès la fin de ce périple, vous aviez décidé de repartir ? »

M&M : « Oui. Tout de suite, on a pensé à l’Afrique, une terre chargée de tellement d’image et de préjugés, qu’on a envie d’aller voir nous même.  Mais, on a d’abord repris un boulot, pour économiser et, pour Marie, avoir une première expérience professionnelle ».

 

RR : « Fini de rire…Vous vous engagez donc dans un long périple. Qu’est qui vous motive dans cette aventure ?

M&M : «C’est à la fois une envie de rencontre des gens, de comprendre la vie des autres, de sortir de nos modèles pour voir ce qui se passe ailleurs. Et c’est également une envie de découverte des territoires, une envie de grands espaces et de liberté également. On n’a pas de but précis. C’est plutôt une idée de déambulation, d’observation, d’essayer de comprendre. Et puis, on essaiera de rendre compte aussi par nos écrits, sur notre blog mais aussi par un livre. »

 

RR : « Parlons un peu de l’organisation. Comment avez-vous planifié votre parcours ? »

M&M : « Notre voyage est un vagabondage qui ne suit pas un chemin parfaitement tracé. On n’a pas cherché les chemins que nous allions emprunter, nous avons plutôt pointé des lieux de passages, tous les 100 km environs. Il y a les points de passage obligés (les capitales administratives, les frontières) et puis il y a les points de passage par des espaces naturels qui nous attirent »

 

RR : « Et vous ferez tout à pied ? »

M&M : « On se déplacera à pied le plus possible. On pourrait faire des étapes d’une 30ne de km, mais rien n’est figé. Nous aurons de temps en temps des contraintes de temps (validité des visas en particulier) qui nous amèneront à faire un bout en transport en commun (pour rallier le sud du Maroc en particulier). Nous ne sommes absolument pas dans une démarche d’exploit sportif, de challenge ou de performance. On ne refusera pas une rencontre ou une opportunité parce qu’elle nous amènerait à monter dans une voiture ou à dévier de notre route.

 

RR : «  Quelle sera  votre journée type ? »

M&M : « L’idée, c’est de faire les 2/3 de la marche le matin, de prendre du repos l’après midi puis de repartir pour 2 heures en fin d’après midi. Mais, il est clair que ce programme très théorique sera soumis à l’aléa des rencontres, et des diverses contraintes (ravitaillement en eau, en nourriture…).

On pense aussi qu’on s’arrêtera tous les 5 à 6 mois pour se reposer, et peut-être aussi un grand break d’un ou 2 mois au bout d’un an. »

 

RR : « Et pour l’hébergement ? »

M&M : « Nous partons avec notre tente Wilsa customisée (ndlr : pour la rendre autoportante).  On veut avoir cette autonomie pour ne pas s’imposer chez les gens. On essaiera de se rapprocher des villages et on demandera où on peut planter la tente. Quand, on sera accueilli chez les gens se sera très bien mais on aura toujours la possiblité de camper. Pour les passages en ville, on a pris quelques contacts pour essayer d’avoir un hébergement sur place. »

 

RR : « Pour l’alimentation, comment vous vous organisez ? »

M&M : « On ne s’organise pas en fait : on pense que ce sera plutôt facile de s’approvisionner mais on verra sur place. On part avec notre popote et notre réchaud à essence, pour pouvoir être un peu autonome là aussi. »

 

RR : « Avez-vous fait une préparation physique particulière ? »

M&M : « Pas plus que ça. Marcher est notre quotidien.  On fait aussi beaucoup de rando et d’escalade. »

 

RR : « Pour faire face aux soucis de santé, que prévoyez vous? »

M&M : « On est peut-être un peu chargé de ce côté : on a une pharmacie de 200 gr avec huiles essentielles, médoc pour l’eau, les diarrhées et la bobologie de base. Pour les moustiques, on n’a rien prévu car le problème ne se posera pas avant un moment et on trouvera sans doute ce dont on aura besoin à Dakar ou Nouakchott. »

 

RR :  « Côté équipement, vous partez plutôt léger non ? »

M&M : « On sait que le poids, c’est la clé sur un périple de longue durée. Notre périple en France nous a servi de leçon. On part avec un sac à dos de 50 l, chargé à 9-10 kg pour Mathieu, et un sac à dos de 35 l chargé à 5 kg pour Marie. Parmi, les « pondéreux » il ya la tente (2.5 kg) et le réchaud multi-carburant. »

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RR : « Et pour vous orienter ? »

M&M : « On a un gps avec Open street map, logiciel libre et gratuit, mais pas forcément très complet. On a pris aussi des cartes soviétiques, anciennes mais qui restent les plus complètes : on les a mises sur notre liseuse pour ne pas s’alourdir. Le tout sera alimenté par notre panneau solaire. »

 

RR : « Aurez-vous un soutien logistique ? »

M&M : « Non. Ca ne nous inquiète pas particulièrement. Cela dit, on ne sait pas comment on fera pour le renouvellement des chaussures, et pour les lentilles de Mathieu. »

 

RR : « Et pour vos supporters, comment suivre votre périple ? »

Mathieu : « On a un blog que j’ai fait moi-même. On y mettra tous les jours un mini-message sur la carte avec nos coordonnées gps et un petit mot. On y mettra, à un rythme plus irrégulier, nos articles sur nos expériences.

Au moment, où nous bouclons cet article, nos 2 marcheurs-découvreurs sont déjà au Maroc depuis quelques semaines (cf photos ci-dessous). L’accueil y est chaleureux, et les quelques soucis (santé et administratifs) n’entravent pas la progression de nos amis, toujours plein sud, mais pas souvent en ligne droite…

A suivre sur leur blog : http://afrikapied.fr/

Et de temps en temps sur RayonRando.com…

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