Partie 1 : de la fibre de bambou au vélo
Un périple solitaire de 2 ans à vélo est certainement un voyage initiatique. Quand, il se fait avec un vélo fait maison et avec une technologie développée par le cycliste, cela devient un voyage expérimental.
C’est ce qui attend Tony Morvant et son étonnant vélo en fibres de bambou.
Rayonrando vous en dit plus dans cette interview en 2 parties.
RayonRando : «Tony, derrière ton superbe vélo en fibre de bambou, il y a une démarche créative et industrielle originale. Peux-tu nous en dire plus sur l’origine du projet ?
Tony Morvant : « J’ai achevé en 2015 une formation d’ingénieur généraliste à l’Icam avec une spécialité matériau. Durant mon cursus, j’ai notamment travaillé en R&D en thermoplastique. Mais le vrai déclic a été un jeu de création d’entreprise qui m’a captivé pendant 6 mois. Le projet était d’industrialiser la fabrication d’un vélo en bambou. »
Tony et son vélo, prêts à faire face aux 15000 kilomètres
RR : «D’où t’es venu cette idée ? »
TM : «L’idée m’est venue un peu par hasard : j’avais des bambous dans mon jardin et je m’intéressais à ses propriétés mécaniques. Si des vélos en bambou existent déjà, il manquait un procédé industriel permettant d’exploiter de façon performante les atouts du bambou : rapport résistance/ poids, esthétique.
Le jeu a été si concluant que, quand il s’est terminé, j’étais sûr de vouloir monter un projet autour de cette technologie. »
RR : « A la fin de tes études, tu as donc décidé d’aller au bout du sujet en le combinant avec un projet de voyage au long cours ? »
TM : « Oui, je voulais aller au bout de la mise au point du procédé et aussi le mettre en application par la création d’un vélo capable d’endurer un long périple à travers le monde. »
 |
 |
|---|
RR : « Peux- tu nous expliquer les phases de la création du vélo ?»
TM : « Il a fallu franchir différentes étapes : extraire la fibre du bambou ; concevoir le matériau (un assemblage de fibre de bambou et de résine) ; dessiner le cadre du vélo ; fabriquer les moules et, après bien des essais, produire les tubes et enfin les assembler et les solidariser.
Je me suis documenté sur le web, j’ai fait mes propres expérimentations et j’ai aussi bénéficié du soutien de différentes personnes et d’une entreprise locale.
La phase la plus longue a été la conception du matériau qui a pris presque un an. »
La fibre de bambou, résistance et souplesse
RR : « Peux-tu nous en dire plus sur le matériau que tu as obtenu ? »
TM : « J’extrais une fibre de bambou longue qui offre de la résistance et de la souplesse, un peu comme une fibre de verre, et permet ainsi de façonner des objets de forme galbée par exemple. La méthode d’assemblage des fibres avec la résine permet d’assurer la robustesse du produit final.
J’ai tout fait de façon très expérimentale, avec la volonté de comprendre tous les aspects du sujet.»
RR : « Côté vélo, sur ce cadre original, tu as ensuite adapté un équipement « traditionnel »… »
TM : « Oui, j’ai utilisé des matériels moyens de gamme, pour des raisons de coûts et de robustesse. Un plateau et une cassette acier plutôt qu’alu par exemple ; une selle Brooks classique, de très bons pneus, etc… »
Élégant, léger et robuste, nul doute qu’il attira l’attention
RR : « Côté équipement, outre le matériel de camping (notamment une tente Némési 2 et un sac de couchage KL 250 de chez RayonRando.com), tu pars avec des sacoches maison… »
TM : « Oui, j’ai utilisé des toiles publicitaires pour fabriquer des sacoches étanches type Vaude, avec une fermeture par enroulage. Je les ai fait coudre avec, sur les coutures, un renfort en caoutchouc de chambre à air, pour améliorer l’étanchéité. »
Du vélo au voyage, il n’y a qu’un tour de roue : c’est à suivre dans la deuxième partie de l’interview.